Les tempêtes de l’hiver 2013-2014

De l’embouchure de l’estuaire de la Gironde au Nord, jusqu’à celui de la Bidassoa, au Sud, le littoral aquitain est un territoire d’exception, attractif, préservé… et confronté aux phénomènes d’érosion et de submersion marine. Des phénomènes naturels qui peuvent parfois revêtir un caractère exceptionnel, comme ce fut le cas des tempêtes de l’hiver 2013-2014.

L’hiver 2013-2014 reste l’un des hivers les plus marquants des dernières décennies en termes d’impacts sur le littoral aquitain. Les tempêtes qui se sont succédées lors de cet hiver se sont distinguées par leur taux d’érosion élevé et leur caractère généralisé à l’ensemble du littoral sableux.

Missionné par ses membres fondateurs, l’Etat et l’ex-Région Aquitaine, auxquels se sont joints les trois départements côtiers et le Syndicat intercommunal du Bassin d’Arcachon (SIBA), l’Observatoire a suivi cet enchaînement d’événements tempétueux sur le littoral aquitain. Ils ont été à l’origine de fortes vagues, de vents importants ou encore de surcotes, qui ont occasionné des érosions de plages et de dunes, des mouvements de terrain, des submersions marines…

Ces événements ont fortement traumatisé le littoral, avec de très vives inquiétudes parmi la population et les autorités. L’Observatoire a donc été chargé d’étudier les conséquences de cet hiver particulièrement énergétique et a tiré les premiers enseignements de ces intempéries sur la mobilité du trait de côte.

Un premier rapport a été réalisé en début d’année 2014 sur l’impact des tempêtes survenues aux mois de décembre et janvier. Un deuxième rapport, plus complet, a vu le jour quelques mois plus tard afin d’apporter une vision globale des tempêtes de cet hiver 2013-2014. Les documents sont téléchargeables ci-dessous.

Une succession exceptionnelle de tempêtes ordinaires

Ces tempêtes furent caractérisées par leur répétition en l’espace de 4 mois et le cumul d’énergie généré par les vagues sur cette courte période de temps, malgré des conditions de houle et des niveaux d’eau relativement modestes lorsque considérés individuellement. La puissance de la houle au cours de l’hiver 2013-14 a en effet été très nettement supérieure aux données historiques, plus du double de la puissance de la plupart des derniers hivers. Les conséquences en matière d’érosion côtière furent notables voire exceptionnelles, avec un recul du trait de côte évalué à plus de 20 mètres sur de nombreux sites de la côte sableuse.

Forte érosion

D’une manière générale, les 240 km de côte sableuse qui constituent la majeure partie du littoral aquitain, ont été fortement érodés à la suite de cet hiver. Le recul du trait de côte a ainsi dépassé 20 mètres sur de nombreux sites. Les plages se sont fortement abaissées et aplanies, limitant ainsi leur résistance et celle des dunes adjacentes aux assauts de l’océan. C’est en Gironde que l’érosion marine a été la plus forte. L’OCA a pu remarquer un recul du trait de côte dépassant souvent 20 mètres et atteignant par endroits 30 à 40 mètres. Dans les Landes, l’érosion a été globalement plus modérée que dans le Médoc, avec des reculs de l’ordre de 10 à 15 m, même si par endroits, ils ont pu atteindre 25 mètres. Quant à la côte rocheuse basque, qui s’étend sur environ 40 km jusqu’à la frontière espagnole, elle a été peu affectée par l’érosion, malgré de nombreux dommages sur les ouvrages provoqués par les vagues, de même que sur la côte sableuse girondine et landaise.

Carte de synthèse de l’érosion du trait de côte entre 2013 et 2014 sur la côte sableuse présentée par cellule et sous-cellule (encerclée) sédimentaire

Comparaison avec les précédentes tempêtes

Depuis 1960, une cinquantaine de fortes tempêtes marines ont atteint le littoral aquitain en y provoquant parfois des dommages conséquents. On peut citer le cyclone tropical Hortense en 1984, les tempêtes Lothar et Martin du 26 au 28 décembre 1999, Klaus le 24 janvier 2009 ou encore Xynthia le 28 février 2010. Cette dernière a notamment provoqué d’importants dégâts dus à des phénomènes de submersion marine dans le Bassin d’Arcachon et d’érosion côtière sur le littoral girondin. Les impacts étaient néanmoins localisés jusqu’ici, contrairement aux tempêtes de l’hiver 2013-2014 et à leur caractère généralisé à l’ensemble du littoral sableux.