Les dunes côtières

Les dunes, ces incroyables icebergs de sable, ne se réduisent pas à la partie visible au bord des plages : elles s’étendent sur plusieurs kilomètres de large à l’intérieur du massif dunaire et sont aujourd’hui recouvertes de la plus vaste forêt domaniale de France.

Les dunes côtières, élément majeur d’adaptation face à l’érosion

Les dunes boisées et non boisées bénéficient d’une complémentarité unique. En effet, le bourrelet de sable nommé « dune bordière » ou « dune non boisée » joue un rôle de piège à sable limitant l’érosion et l’ensablement de la forêt en arrière qui peut pleinement assurer ses fonctions de production de bois, de préservation de la biodiversité forestière et d’accueil raisonné des publics.

La dune boisée joue un rôle majeur dans la fixation des sables [1] . Elle permet le stockage des arrivages de sable au plus près de la source sur la dune non boisée et permet à celle-ci de jouer pleinement son rôle de piège à sable. Cette complémentarité est née d’un équilibre fragile qu’il convient de préserver.

L’action de la mer est déterminante :

  • elle pousse le sable sur les plages, et celui-ci, façonné par le vent, forme les dunes [2] ;
  • les houles et les courants modifient sans cesse la forme des plages, ainsi que celle du versant maritime de la dune ;
  • parfois, la plage « engraisse » la dune ; parfois, la dune ré-alimente la plage.

Les équipes de l’ONF associent à leur savoir-faire des techniques douces relevant du génie écologique, pour protéger cet équilibre fragile. Amortisseur de l’énergie marine, « piège à sable » qui protège l’arrière-pays, réservoir de biodiversité, le massif dunaire [3] est une composante originale et attractive du paysage, un écrin naturel de l’économie touristique.

Préserver ces espaces naturels emblématiques de la côte de Nouvelle-Aquitaine nécessite des travaux d’entretien réguliers qui s’amplifient avec l’impact des changements climatiques. Cette mission induit de grands défis, indissociables et passionnants, que relèvent au quotidien les équipes de l’ONF en Nouvelle-Aquitaine, pour concilier le contrôle modéré des mouvements de sable, la protection de la biodiversité et l’accueil d’un public toujours plus nombreux.

La « mission littoral » de l’ONF anime un réseau de personnes-ressources au sein de l’ONF, et est également partie prenante du suivi de l’évolution de la côte néo-aquitaine en collaboration avec le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), dans le cadre de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine.

Focus sur les dunes de la côte atlantique

De la plage à la forêt, se succèdent différents paysages en bandes parallèles à la côte. Leurs limites ne sont pas figées. Lors des tempêtes, la dune blanche se développe vers l’intérieur. Pendant les périodes calmes, les végétaux de la dune progressent vers la côte.

Le haut de plage

Crédit photo : Jean Favennec, ONF {JPEG} Sur le haut de plage, en limite des plus hautes eaux des grandes marées [4] , seules peuvent croître des plantes annuelles résistant à une forte salinité.

L’avant-dune

Crédit photo : Jean Favennec, ONF {JPEG} En étroite interaction avec la plage, les avant-dunes sont les premières formations terrestres. Leur stade initial se présente sous forme de « banquette » [5] basse maintenue par une pelouse à chiendent des sables. Les avant-dunes constituent un bon indicateur biologique de l’évolution de la côte.

La dune blanche

Crédit photo : The Willis Willis, ONF {JPEG} Zone de forte accumulation sableuse, la dune blanche constitue un obstacle net entre la plage et l’arrière-dune. Elle est le plus souvent ornée d’une prairie claire dominée par l’Oyat [6] . Le volume des dunes blanches est amplifié par l’homme. Des travaux d’entretien réguliers favorisent le bon développement des végétaux grâce à des dispositifs qui limitent l’érosion éolienne.

La dune fixée

Crédit photo : ONF {JPEG} Dans la dune fixée (temporairement) les apports de sable sont absents ou très faibles. Les végétaux de la dune mobile et semi-mobile laissent place à une pelouse de dune « grise », qualifiée ainsi en raison de la couleur des plantes qui s’y développent.

La lisière forestière

Crédit photo : The Willis Willis, ONF {JPEG} Un contact progressif entre dune grise et forêt de protection est favorable à la diversité biologique. La frange de la forêt de protection peut adopter un port déformé par les vents chargés de sel, et parfois de sable lors des fortes tempêtes.

[1La plage (aussi appelée estran) est l’espace côtier situé entre les limites de haute et de basse mer, formé de sable ou de gravier (mais non de vase).

[2Une dune est une accumulation de sable édifiée par un agent de transport. On distingue les dunes éoliennes (édifiées par le vent) des dunes sous-marines (édifiées par les courants ou la houle). Une dune parabolique est une dune en croissant, la partie concave étant orientée face au vent.

[3L’adjectif qualifie tout phénomène qui induit une accumulation sableuse sous l’effet d’un agent de transport (vent, courants de marée, houle) et dont la forme se rapproche de celle des dunes.

[4Les marées sont des variations du niveau de la mer dues principalement aux actions combinées de la lune et du soleil. On distingue :

  • les marées de mortes-eaux : marée de faible marnage (coefficient < 60) se produisant deux fois par mois au premier et au dernier quartier de lune.
  • les marées de vives-eaux : marée de fort marnage (coefficient > 80) se produisant deux fois par mois à la pleine et à la nouvelle lune.

[5La banquette est un atterrissement sableux qui se forme en haut de la plage en période de répit de l’érosion marine (dans le Guide de la Flore, de la Bretagne au Sud des Landes, Office National des Forêts, Éditions Sud-Ouest).

[6L’oyat est une herbe robuste, à feuille enroulée à pointes aiguës. Espèce caractéristique des dunes mobiles dont elle est un facteur d’édification, cette plante est utilisée abondamment pour les travaux de stabilisation des sables (source : Guide de la flore des dunes littorales, Office National des Forêts, édition du Sud-Ouest).